Ushuaia, le bout du monde, dernière étape avant l’Antarctique. Nous en rêvions, nous y sommes.
C’est la capitale de la Terre de Feu, séparée du reste de l’Argentine par le détroit de Magellan.
Je pensais trouver un gros bourg engourdi par la froidure du climat, mais en fait, cette ville abrite plus de 60000 habitants.
Située au pied des Andes, nichée au fond d’une baie (un repli du canal Beagle), elle aligne ses maisons peintes de couleurs vives le long du port, évoquant les villes de l’Europe du Nord.
Des bateaux apportent ici l’essentiel des vivres car la Terre de Feu reste un lieu isolé et peu fertile.
On y pratique la pêche et bien sûr le tourisme. On peut y pratiquer l’équitation. Et un petit aéroclub permet de s’initier au pilotage.
L’hiver, on y pratique le ski : on peut voir ici l’une des pistes.
Quelques visites s’imposent :
-L’église N-D de la Merced s’élève près du port.
-Au nord de la ville, on remarque un édifice en forme d’étoile : c’est l’ancien bagne, construit par les prisonniers eux-mêmes.
On peut visiter les anciennes cellules qui nous informent sur la vie difficile qu’on menait ici : absence totale de confort,
chauffage uniquement dans le couloir,
expériences scientifiques réalisées sur les détenus, activités des prisonniers (essentiellement chargés d’approvisionner la ville en bois de chauffage et de construction, ils étaient conduits dans la forêt proche à bord d’un petit train).
Ici ont été déportés des prisonniers célèbres, tous récidivistes. Parmi les plus connus, on compte l’assassin Mateo Vans, dit “Le Mystique”.
Et aussi Cayetano Santos Godino, surnommé “El Petiso Orejudo”, qui fut battu à mort par ses gardiens après qu’il eut martyrisé un chat en le brûlant vivant dans le poêle du couloir : une charmante nature !
Cette prison, fermée après la deuxième guerre mondiale, a ensuite été occupée par une base navale. C’est pourquoi on peut visiter la salle du Musée Maritime, avec ses maquettes à l’échelle 1/100°.
-Un peu plus loin, le Musée du Bout du Monde retrace l’histoire de la Terre de Feu. On y décrit la vie quotidienne des habitants d’avant l’arrivée des Européens : les Shelk’nams et les Yamanas.
(Magellan est passé ici en 1520). Des photos prises par les explorateurs…
…et des objets usuels permettent d’imaginer la vie de ces pêcheurs, chasseurs, cueilleurs que les missionnaires ont cherché à convertir.
Hélas ! Les Européens, en chassant les otaries et les guanacos, ont privé les Yamanas de leur nourriture traditionnelle. Pire, ils ont élevé des moutons que les Yamanas ont chassés pour se nourrir. Les persécutions n’ont pas tardé et on ne compte plus aujourd’hui aucun descendant de ces peuples amérindiens.
A l’étage, on peut voir une exposition d’oiseaux naturalisés : oies, canards, pétrels et bien sûr condors.
Depuis Ushuaia, on peut aussi s’embarquer pour une mini-croisière sur le canal Beagle (voir article suivant) et visiter le Parc Naturel de la Terre de Feu (voir autre article).
Les amateurs de sensations fortes peuvent même prendre un bateau vers l’Antarctique.
Nous aurons eu beaucoup de chance pendant ces deux jours : la veille de notre arrivée, il pleuvait et il faisait froid. Mais nous n’aurons pas vu la pluie (il fait entre 9° et 14°, autant dire la canicule ici !). Et ce soir, nous sentons qu’il est temps de partir : demain il pleuvra à nouveau. En fait, il pleut déjà !
Adieu, Ushuaia !
Ici, nous étions vraiment au Bout du Monde.
Un certificat peut en attester.
Et notre passeport en porte les quatre cachets !