Jeudi 23 mai
Ce matin, lever à 6h 45. Très beau buffet de petit déjeuner.
Un peu avant l’heure fixée pour le départ de l’hôtel, nous descendons dans le hall, mais personne n’est là. Un rapide coup d’œil dans la rue nous montre les dos de nos compagnons qui s’approchent déjà des murailles, valises à la main. Vite, nous courons les rejoindre : le guide nous avait tout simplement oubliées !
Pendant que nous traversons des terres cultivées de céréales (blé, avoine, orge, maïs), de légumes et d’arbres fruitiers, Miguel nous raconte d’abord deux anecdotes vécues avec des touristes, puis nous annonce le programme du jour : dès notre arrivée à Salamanque, déposer nos bagages dans un bureau de l’hôtel, puis balade à pied vers la plaza Mayor, retour à l’hôtel pour déjeuner et déposer les valises dans les chambres et enfin rejoindre, sur la plaza Mayor, Cristina qui nous fera visiter les monuments de la ville.
Notre guide nous donne alors quelques informations sur Salamanque.
Salamanque est réputée pour ses bijoux avec des perles en fils d’argent, sa faïence et son cuir et on y fait du bon vin. On y rencontre beaucoup de cigognes.
Mais la star ici c’est l’Iberico, le porc ibérique. Cet animal est le produit du croisement entre le cochon domestique et une variété de sanglier. Contrairement au Serrano qui est un porc rose, celui-ci a une robe sombre et porte des sabots noirs, d’où son nom de pata negra. On l’appelle encore bellota. Il se nourrit de glands et de châtaignes et pratique la transhumance. Sa chair est délicieuse et on le cuisine ici de multiples façons.
La ville est traversée par un affluent du Douro, le Tormes. Nous sommes étonnés d’apprendre qu’ici l’eau ne manque pas : de nombreuses nappes phréatiques permettent même l’arrosage de cultures de maïs ! On élève des moutons, des vaches, des chèvres et des taureaux de combat. La terre rouge, riche en fer, est propice aux cultures de truffes et d’épinards.
À l’arrivée, nous partons donc pour une balade dans les rues et nos pas nous mènent à la Plaza Mayor.
Puis notre guide nous conduit à la Casa de Lis de style Art Nouveau avec son patio à deux niveaux coiffé d’un plafond vitré peint. On y trouve la collection d’objets Art Déco de Manuel Andrade : porcelaines, poupées, vases de Gallé ou de Lalique. Cet homme s’est vraiment constitué une sacrée fortune !
En fait, nous avons bien compris qu’on nous faisait patienter en attendant le repas, car le rendez-vous avec Cristina était fixé vers 15h !
Retour vers l’hôtel donc pour le déjeuner, très animé, en compagnie de deux couples sympathiques. Au menu : salade, joue de porc, patatas et fruits.
Après un rapide passage à la chambre, nous partons rejoindre Cristina sur la Plaza Mayor. Elle nous commente les particularités de la place, toujours très animée, avec ses médaillons représentant les rois, les découvreurs et les grands personnages qui ont un lien avec la ville.
Puis elle nous conduit vers la Maison des Coquilles. La présence de 300 coquilles Saint-Jacques sur la façade s’explique : le premier propriétaire était membre de l’Ordre de Saint-Jacques, et la maison fut construite à l’occasion du mariage d’un homme de cette famille avec une fille dont le blason comportait une coquille. C’est actuellement la Bibliothèque publique.
À l’intérieur, on rentre dans un patio à deux niveaux avec au centre une citerne qui stocke les eaux de pluie.
Cette ville compte deux cathédrales accolées : la vieille étant devenue trop petite, on y adossa donc une nouvelle, plus grande, qui s’ajouta à la première.
La vieille cathédrale a son transept éclairé par une tour-lanterne appelée la Tour du Coq : son toit semble décoré d’écailles de pierres.
À l’intérieur, on passe du roman au pré-gothique. La grande chapelle est décorée d’un magnifique retable composé de 53 tableaux peints, avec au centre, en bas, la Vierge de la Vega, patronne de la ville. Le cuivre doré, les gemmes et les émaux donnent à l’ensemble un air de grande richesse. Au-dessus, le Jugement Dernier est peint à fresque.
La chapelle de Santa Barbara était le lieu où se déroulaient les examens universitaires. Si le candidat était reçu, il toréait un taureau de combat et, avec le sang, il inscrivait sur un mur le V de la victoire !
Et insensiblement, nous passons de la vieille cathédrale à la nouvelle, construite du 16° au 18° siècle. Le grand portail est magnifiquement sculpté : aucun espace ne reste vide ! On y reconnaît la Nativité, l’Adoration des Bergers et des Rois Mages et le Calvaire.
Au nord, le portail des Rameaux illustre l’entrée de Jésus dans Jérusalem. Là encore, il semble que pas un endroit ne soit resté sans décor.
À l’intérieur, nous voyons d’abord l’arrière-chœur des frères Churriguera, dont le style baroque est particulièrement chargé, et les magnifiques stalles de noyer à trois niveaux. De là, on aperçoit deux orgues.
Parmi les chapelles, notons la Capilla Dorada, ainsi nommée à cause de la décoration qui représente de très nombreux saints à la peinture rehaussée d’or.
Les arcs des voûtes sont très travaillés et la tour-lanterne apporte une grande luminosité à l’édifice.
Nous avons terminé la visite de la ville par ce que tout le monde attendait : l’Université, fondée en 1218, surtout consacrée à l’étude du Droit, des langues et du journalisme. Francisco de Vitoria, Hernan Cortès et Adolfo Suarez (entre autres personnages célèbres) y ont étudié.
Quelques mots sur ces trois personnages :
-Francisco de Vitoria était un théologien, philosophe et juriste de Salamanque. Il occupe la chaire de théologie de l’Université une cinquantaine d’années après la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb. Avec Bartolomeo de las Casas, il s’intéresse aux droits des Indiens et exerce une influence sur Charles Quint pour l’adoption des lois sur les Indes qui placent les Indiens sous protection de la Couronne.
-Hernan Cortes est un conquistador qui a conquis le Mexique.
Adolfo Suarez a été président du gouvernement espagnol de 1976 à 1981.
Nous rentrons par le Patio des petites écoles aux arcs mixtilignes.
Le portail très ouvragé porte en son centre l’aigle bicéphale et les armoiries de Charles Quint, au-dessus les saints Pierre et Paul et encore au-dessus le médaillon du Christ.
Puis nous entrons dans une salle sombre sur la voûte de laquelle est peint le ciel de Salamanque, avec des étoiles et des figures des signes du Zodiaque.
Ensuite, nous entrons dans les Écoles Majeures. La façade présente au-dessus du portail le médaillon des Rois Catholiques, protecteurs de l’Université. Au-dessus, le grand blason de Charles Quint et tout en haut celui de la papauté.
C’est sur cette façade qu’un œil exercé peut découvrir la fameuse grenouille sur la tête de mort, gage de réussite pour tout étudiant qui aura su la repérer. D’où les innombrables grenouilles, de toutes tailles et de toutes matières, offertes à la vente dans les boutiques pour touristes. Nous n’avons évidemment pas manqué de nous en procurer une !
À l’intérieur, on entre dans un hall puis dans un patio où s’élève un séquoia.
À l’étage, un exemple de salle de cours, celle de Fray Luis de Léon, célèbre professeur de théologie du 16° siècle : longues tables, longs bancs, chaire du maître.
Tout près, le grand amphithéâtre, anciennement salle de Droit canon, où commence l’année universitaire.
La chapelle est surtout remarquable par son retable.
Mais voici le moment très attendu :
la célébrissime Bibliothèque du 18°
qui abrite 40 000 volumes, des incunables et des manuscrits précieux dont certains datent du 11°siècle. Hélas ! La déception est au rendez-vous car on ne peut pas y rentrer. On a juste le droit d’y jeter un coup d’œil de quelques secondes, à travers la vitre !
Quand on pense que certains d’entre nous avaient choisi de faire ce voyage en partie pour avoir la chance de la visiter !!!
Une vraie frustration !!!…
Alors, après un dernier regard à l’ensemble universitaire, nous rentrons à l’hôtel avant de retourner vers 20h Plaza Mayor pour dîner chez Don Marco. La place est très animée, mais le menu modeste : deux boulettes, une escalope de poisson avec des petits légumes et un dessert glacé.
Après cette longue et fatigante journée, nous avions hâte de rentrer pour finir les cartes postales et nous reposer.
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