Par un bel après-midi du mois d’août, je t’ai vu aspirer la vie du sein de ta maman. Puis, tu as blotti ton petit corps tout chaud tout contre mon épaule. Et comme le font les petits chats, tu as marqué sur moi ton territoire. Mais qui pourrait t’en vouloir? Nul besoin de parler. Ton beau regard tout neuf et ton joli sourire inspirent la tendresse.
Plus tard, tu t’es endormi, ronflant doucement comme un bienheureux.Voilà pourquoi tu n’as rien entendu de nos jeux et de nos rires.
Tu n’as pas vu ton grand frère imposer des numéros de voltige à un ourson gourmand de miel…
Tu n’as pas remarqué combien il est important pour un tapis de rester bien plat…
Tu n’as pas assisté à la course automobile dans laquelle l’unique voiture engagée dévalait les pentes d’un coussin de velours avant de s’écraser dans le ravin de mes chaussures…
Tu n’as pas écouté Babar enseignant le vocabulaire des vacances…
Et après tant d’occupations, tu n’as pas goûté la reconstituante tarte aux pommes…
Tu n’as rien vu de tout cela parce que tu t’étais endormi. Mais moi, j’en garde le souvenir d’un après-midi heureux…