Le mausolée Ismaïl Samani
Ismaïl Samani, fondateur de la dynastie des Samanides, a régné au IX° siècle. Il a fait construire ce mausolée pour son père.
C’est un monument cubique construit en briques…
… et surmonté d’une coupole semi-sphérique.
Ces briques sont agencées selon de nombreuses combinaisons différentes, donnant à l’ensemble un aspect géométrique :
Le cercle et le carré sont les formes dominantes dont les symboles du Ciel et de la Terre sont aisés à reconnaître.
Les briques sont vernissées selon des teintes variées où le soleil joue en fonction des heures de la journée, donnant au bâtiment des couleurs changeantes.
L’intérieur aussi forme des motifs très variés …
…et abrite les sépultures de Ismaïl Samani, de son père et de son petit-fils.
Ce monument harmonieux et de proportions parfaites se reflète joliment dans le bassin tout proche.
C’est un lieu très agréable où règnent silence, paix et sérénité.
L’ensemble Liab-i-Khaouz
Au cœur de Boukhara, il est un lieu calme et reposant autour d’un bassin ombragé de vénérables mûriers.
Ce bassin a été creusé sur l’ordre du vizir Nadir Divan Beghi au début du XVII° siècle. C’est un bassin artificiel d’une capacité de 4000 mètres cubes, l’une des dernières réserves d’eau de Boukhara, ville-oasis il ne faut pas l’oublier.
À l’époque, les porteurs d’eau venaient y puiser le précieux liquide dans des outres en cuir pour la vendre aux habitants.
Tout autour du bassin, s’alignent des boutiques et des maisons de thé où touristes et Boukhariotes viennent se détendre.
La place est entourée de 3 magnifiques monuments :
-la médersa Kukeldash.
–la khanaka Nadir Divan Beghi, qui permettait aux derviches en voyage de prier, méditer et se loger.
Récemment restaurée, cette khanaka présente des inscriptions calligraphiées autour du grand portail et au-dessus du mirhab.
-la médersa Nadir Divan Beghi. Cet édifice était à l’origine un caravansérail. Mais lors de l’inauguration, le khan de Boukhara félicita son vizir d’avoir “contribué à la gloire d’Allah”. Le vizir fut donc contraint de transformer le caravansérail profane en lieu pieux, en médersa.
Le portail d’entrée est particulièrement intéressant. Profane à l’origine, c’est l’un des rares monuments musulmans à représenter des êtres vivants : on y voit des oiseaux fantastiques s’envoler vers le soleil (à visage humain) portant dans leurs serres le produit de leur chasse : cerfs ? gazelles ?…
Près de ce bassin, à l’ombre des mûriers, se dresse la statue de Nasreddin Khodja, héros populaire connu dans tout le pays.
D’origine turque, fils d’imam, il devint imam à son tour. Il se rendit célèbre pour sa sagesse et son sens aigu de la justice. On le représente toujours monté sur son âne, coiffé d’un grand turban et arborant une belle barbe blanche.
Toujours souriant, espiègle, rusé, il sait parler des sujets graves avec humour et faire méditer chacun sur ses réflexions pleines de sagesse.
Philosophe ? Sage ? Comique ?
Chacun dans le pays connaît les mille et une aventures de Nasreddin Khodja.
En voulez-vous une pour la route ?
“Un jour, un pauvre qui n’avait qu’un morceau de pain à manger le passa au-dessus d’une viande en train de griller pour en capter le fumet. Le marchand qui faisait cuire la viande lui réclama un dinar comme “prix de l’odeur”. Mais le mendiant refusa. Les deux hommes choisirent Nasreddin Khodja comme arbitre.
Le sage écouta attentivement les arguments de chacun, puis il sortit un dinar de sa poche et le laissa tomber.
-Marchand, dit-il, as-tu entendu le bruit de cette pièce tombant à terre?
-Oui, bien sûr!
-Eh bien, considère que le bruit de cette pièce est le paiement de l’odeur de ta viande !!”
Et il y en a des centaines comme ça !!!
Le quartier Poï -Kalyan
Voici tout d’abord la médersa Mir-i-Arab, du nom d’un cheikh qui jouissait d’une grande autorité à la cour du khan.Cette médersa était une école coranique des plus prestigieuses.
La façade couverte de mosaïques est encadrée de tours puissantes et un haut portail s’élève entre deux étages de loggias éclairant les chambres des étudiants.
Aux angles du bâtiment, deux tours aux bandeaux en mosaïques sont coiffées d’une coupole bleu vif.
Face à elle, s’élève la mosquée Kalyan, à 4 aïwans sur les axes. Voici l’aïwan central qui comporte un portail extérieur donnant sur la place et un portal intérieur donnant sur la cour.
Il est surmonté d’une belle coupole bleue ornée du croissant de lune.
Dans la cour, on remarque un minbar octogonal.
L’intérieur du bâtiment comporte une enfilade de galeries du plus bel effet.
Dans l’angle, s’élève le minaret Kalyan d’où le muezzin 5 fois par jour lançait l’appel à la prière après avoir grimpé les 105 marches de l’escalier.
Il fut aussi utilisé comme lieu d’exécution : on jetait les condamnés du haut de ses 48 mètres. Dans un autre registre moins brutal, il a aussi servi de tour d’observation et de phare dans la nuit, repère lumineux bien utile aux caravaniers arrivant du désert.
À proximité de la mosquée Kalyan, voici une khanaka du XVI° siècle qui porte le nom du cheikh Khodja Zayn-ad-Din.
En voici l’intérieur…
… et la voûte.
Selon la tradition coranique, les hommes saints, contrairement aux hommes politiques, ne sont pas enterrés dans des mausolées mais “à l’air libre”. C’est pourquoi la tombe du cheikh se trouve à l’extérieur, dans une loggia ouverte sur la rue et marquée par une grande perche traditionnelle.
À celle-ci sont accrochées deux queues de yack et une main de Fatima, symboles de pouvoir et de sainteté.
La forteresse de l’Ark
Cette citadelle, lieu de résidence des gouverneurs de la ville, a été bâtie il y a deux millénaires sur une colline artificielle de 4 ha. Elle comprenait, outre les appartements de l’émir et le harem, un arsenal, des écuries, le Trésor, la cour des Monnaies et des mosquées.
En 1920, les Bolcheviks ont bombardé la forteresse, la détruisant aux 3/4.
Actuellement en restauration, elle a retrouvé sa muraille crénelée d’une vingtaine de mètres de haut.
L’entrée principale est flanquée de deux tours reliées par une galerie surmontée d’une salle avec terrasse.
À gauche de l’entrée, se situait la prison, sorte d’antichambre de l’enfer. Certains prisonniers étaient descendus à l’aide de cordes dans des cachots souterrains. Quelques-uns d’entre eux en étaient extraits et amenés enchaînés sur la place du Réghistan au pied de la muraille. L’émir, du haut de son pavillon d’observation, décidait de la grâce ou de l’exécution.
On peut également voir une mosquée aux piliers en forme de champignon qui abrite actuellement un musée de la calligraphie.
La salle-terrasse destinée aux réceptions …
…donne sur une cour entourée d’une galerie à colonnes de bois qui abrite le trône.
La mosquée Bolo-Khaouz
Chaque vendredi, l’émir sortait de l’Ark pour se rendre à la “mosquée près du bassin”, pour y faire ses prières.
La façade est abritée par un aïwan d’été soutenu par 20 colonnes de noyer, d’orme et de peuplier, constituées chacune de deux troncs d’arbres imbriqués, ce qui explique leur exceptionnelle hauteur de 12 mètres.
Les chapiteaux de ces colonnes, en forme de champignon, sont décorés de stalactites de couleurs vives.
Et les caissons du plafond sont de véritables œuvres d’art.
De chaque côté du portail, on voit des inscriptions en carreaux de majolique.
À l’intérieur, tout blanc et surmonté d’un dôme, le gardien nous guide vers le mirhab au fond doré.
Cet homme est très fier de nous commenter les grandes photos qui y sont accrochées : le pèlerinage de La Mecque.
Ayant lui-même participé au pèlerinage, il est visiblement ému.
Bolo Khaouz est l’une des plus belles mosquées de Boukhara.
Les Kosh Médersas.
Ce nom signifie “double médersa”, c’est-à-dire que deux médersas se font face :
-celle d’Oulougbeg, plus grande que sa voisine.
…et celle d’Abd Al-Aziz-Khan, plus richement décorée.
Les niches de cette dernière comportent d’élégantes stalactites et, sur la voûte, motifs floraux et végétaux se mêlent sur un semis d’étoiles.
Le portail d’entrée est un enchevêtrement végétal où l’on retrouve des oiseaux et même un dragon.
Chor Minor.
À l’autre bout de Boukhara, s’élève un joli petit monument à 4 minarets qui symbolisent chacun une ville : Damas, Boukhara, Samarcande et Bagdad. Certains disent qu’il s’agit de 4 autres villes…
Ce sont en fait les quatre tours du corps de garde d’une ancienne médersa construite par un marchand turkmène.
Hautes de 17 mètres, elles sont coiffées d’une coupole bleue au sommet de laquelle il arrive, dit-on, que des cigognes bâtissent leur nid…
Le Palais d’été de l’émir.
À quelques kilomètres de Boukhara, les émirs ont fait construire au début du 20° siècle une résidence d’été : le palais Sitori-i-Mokhi-Khosa.
Après avoir franchi la majestueuse arche de l’entrée,
On découvre un palais où se mêlent les styles oriental et européen.
Tout un côté de la grande cour est occupé par la salle du Trône …
…que semblent surveiller 4 beaux paons.
En face, une marquise ouvre sur la salle d’apparat de l’émir,
somptueusement décorée
et où on peut admirer une superbe collection de vases de Chine et du Japon.
Mais la plus belle pièce est sans conteste la Salle Blanche, ainsi nommée à cause de la décoration des murs et du plafond en plâtre immaculé.
Ce plâtre est finement sculpté et face aux fenêtres, le mur comporte de hautes niches habillées d’un miroir couvert de dentelle de plâtre sculpté.
De magnifiques vases d’Orient complètent le décor.
Dans le parc, autour d’un bassin, s’élève le harem qui abrite actuellement un musée de la broderie …
… et un peu plus loin un belvédère.
Tous ces monuments merveilleux en sont la preuve : Boukhara est véritablement la “perle de l’Orient” !…