Vendredi 24 mai
Lever à 6h 15 et départ de Salamanque à 8h 30 pour Ségovie.
Miguel nous donne quelques renseignements pour notre départ dimanche (mais oui, il faut déjà penser au retour…). Puis il nous fait un exposé détaillé sur la tauromachie, qui fait partie de l’A.D.N. de bien des Espagnols.
Et en quelques instants, il nous brosse l’état des vins en Espagne. C’est vite fait : on dirait qu’il s’acquitte d’une corvée ! Puis quelques points de vue sur le flamenco qui, selon lui, n’est valable qu’en Andalousie. Tout ceci avant le petit arrêt technique du milieu de matinée.
Un peu plus tard, le bus nous arrête près du Palacio de la Granja de Saint Ildefonse, acheté par le roi Philippe V pour sa retraite et actuellement résidence d’été des souverains espagnols. Nous en visiterons les jardins, malgré le brouillard. On y trouve beaucoup d’arbres, de buis taillés et d’ifs en topiaire, de nombreuses fontaines en plomb badigeonnées de peinture rouge. On peut y chasser, mais aussi y jouir de tranquillité.
Toute cette balade est destinée à meubler la matinée car nous approchons de Ségovie et le repas n’est prévu qu’à 13h 30. Et la ville apparaît, entourée de la sierra de Guadarrama, un parc naturel.
Ségovie est célèbre pour sa laine, on y trouve des flacons de verre, de la faïence et des objets en osier. On y rencontre trois sites majeurs : la cathédrale, l’aqueduc romain et l’alcazar.
À peine descendus du bus, nous passons à pied sous l’aqueduc car les bus ne peuvent accéder en ville. Il faisait 18 km, mais il n’en reste que des tronçons. Celui-ci mesure 728 mètres et sa hauteur ici, au point le plus haut, est de 28,9 mètres. Il est vraiment spectaculaire avec ses hautes et fines arcades, réalisées en pierres de taille sèches, sans aucune forme de ciment. Jusqu’en 1884, l’eau arrivant de la sierra de Riofrio coulait à travers un canal tracé au sommet de l’aqueduc. L’eau en excès était d’abord évacuée pour ne conserver que 20 litres par seconde, puis purifiée dans une grande citerne pour décanter le sable et éliminer les objets flottants. C’est donc une eau très propre qui arrivait en ville !
Notre balade à pied nous amène jusqu’à la Plaza Mayor que nous commente notre guide.
Enfin, à 13h 30, nous prenons notre déjeuner à l’hôtel : assiette de charcuterie et de fromage, espadon accompagné de chou rouge et un dessert au lait (semoule ? œufs au lait ? on ne sait pas trop…).
Le service est rondement mené, en trois quarts d’heure l’affaire est bouclée ! Nous avons donc tout le temps de monter les bagages dans les chambres et vers 15h 30 nous partons à pied vers l’alcazar où nous sommes attendus pour 16h. Voilà pourquoi nous avions bien le temps d’arpenter les jardins de Saint Ildefonse…
En chemin vers l’alcazar, nous observons des maisons remarquables par leurs façades. Voici par exemple l’ancienne prison royale dont la porte d’entrée est décorée d’écussons. Son usage est à présent beaucoup plus accueillant : c’est une dépendance de la Bibliothèque Municipale.
Un peu plus loin, nous rencontrons la Maison des Picos (= des pointes). Sa façade est entièrement recouverte de pointes de diamants, fait auquel elle doit son nom.
Et encore un peu plus loin, le Palais du Comte d’Alpuente, dont la façade est ornée de sgraffite, comme bien d’autres maisons plus modestes de la ville.
Nous voici à présent tout près de l’alcazar, sur la place de la Reine Victoria Eugenia. Plusieurs d’entre nous, plutôt que d’admirer déjà le beau monument que nous nous apprêtons à visiter, levons nos regards vers le sommet d’un arbre où des cigognes ont choisi de bâtir leur nid.
Mais revenons à notre but : L’alcazar de Ségovie est cité dès le XII° siècle, mais il a subi de nombreuses modifications au cours des siècles et fut presque entièrement détruit lors de l’incendie de 1862. Ce n’est qu’en 1940 que commença sa reconstruction. Placée sur une butte, cette forteresse comporte plusieurs tours rondes et une belle tour avec des poivrières. On y accède par un pont.
On entre d’abord dans la cour carrée des armes qui donne accès au Palais des rois de Castille. La première salle présente de magnifiques armures équestres.
Puis on entre dans la salle de la cheminée avec une grande table et des chaises pour le travail, salle que Philippe II utilisait comme bureau..
La salle du trône était destinée aux audiences royales. Au-dessus du trône, les armes des rois catholiques. La coupole est magnifique ainsi que le vitrail représentant Henri IV.
On peut également visiter la salle de la galère, dont le plafond lambrissé est en forme de galère inversée, d’où le nom donné à cette salle.
Plus loin, se trouve la salle des ananas, ainsi nommée à cause des 92 ananas dorés qui ornent son plafond.
La salle des rois présente les 52 portraits des rois et reines, ainsi qu’un très beau plafond à caissons. Au-dessus de la table, un grand tableau représente le mariage de Philippe II avec Anne d’Autriche.
La visite se termine par la chapelle avec son retable.
Et on ressort sur la terrasse pour admirer le panorama, grandiose : de là, on voit à gauche des jardins aux dessins géométriques de buis taillés, et de l’autre côté, l’église de la Vera Cruz, construite par les Templiers, et le monastère du Parral dont la légende raconte qu’il aurait été créé par le marquis de Villena qui fut aidé par la Vierge à qui il demandait secours. En réalité, le monastère a été fondé par le roi Henri IV et on ne doit au marquis que la magnifique église.
Après cette intéressante visite, nous remontons vers le centre, admirant au passage la cathédrale (payante), puis la place Saint-Martin et son église (payante).
Cette place est connue aussi sous le nom de place des Sirènes à cause des deux statues qui représentent un sphinx.
On trouve aussi sur cette place la statue de Juan Bravo. Cet homme dont j’ignorais jusqu’alors l’existence s’est rendu célèbre en devenant le chef de file des Comuneros, rebelles de la révolte castillane contre les impôts imposés par Charles Quint au début du 16° siècle. Mais vaincu à la bataille de Villalar, il fut capturé et décapité dès le lendemain de la bataille.
Mais naturellement, la place est dominée par la très belle église de San Martin de style roman et marquée par une galerie à arcades et un élégant clocher.
Toujours sur cette place décidément très riche, l’œil est attiré par la tour de Lozoya, ancienne propriété des marquis du même nom et qui abrite actuellement une salle d’exposition.
Nous dégustons deux croissants et un café pour nous réchauffer, car il fait froid et il y a du vent. (C’est tellement vrai qu’au retour nous aurons une bronchite carabinée, attrapée sans doute sur la terrasse de l’alcazar et dans les salles qui semblaient l’hôtel des courants d’air !)
Dans notre hôtel justement, de nombreuses personnalités ont séjourné comme le prouvent les nombreuses photos qui ornent les murs du couloir d’entrée.
Demain, au programme : Le château de l’Escorial.
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