Jeudi 26 septembre
Nous quittons Gdansk par un temps nuageux, mais doux et sec, vers 8h. Direction Torun, par l’autoroute. Le paysage est surtout composé de conifères et de chênes. Le pays donne une impression de propreté avec ses pelouses tondues, ses fossés rasés de près, ses terres fraîchement labourées.
Notre guide profite du trajet pour nous parler de la vie quotidienne. Il aborde essentiellement les thèmes de l’éducation et du chômage particulièrement faible dans ce pays : de 3 à 1 %. À tel point que le gouvernement incite les jeunes diplômés et les travailleurs partis vers l’ouest à revenir, et leur propose des conditions très alléchantes à cet effet.
Mais nous voici déjà à Torun, belle ville au bord de la Vistule, sur le territoire des Chevaliers Teutoniques, et patrie de Copernic (mais, oui, toujours lui!).


Encerclée de murailles de briques, la ville est célèbre pour sa Tour penchée, reliée aux remparts par un chemin de ronde. Elle affiche un gîte de 1,40m, ce qui n’est pas rien ! C’est pourquoi notre guide local s’amuse à nous proposer de nous tenir bien droits, talons contre le mur, ce qui est évidemment impossible sans tomber. La légende raconte qu’il s’agit là d’une punition divine, Copernic ayant propagé des théories opposées à celles de l’Église. Peut-être faut-il y voir simplement le résultat d’un affaissement de terrain ?


Passant près de deux greniers, l’un gothique, l’autre baroque…


… nous arrivons très vite rue Kopernika, où Nicolas Copernic, le célèbre astronome, naquit en 1473, dans une cossue maison de marchands (ou plutôt deux maisons accolées) de style gothique. Elle abrite actuellement un musée : à gauche la reconstitution d’une maison d’époque, avec des portraits de ce grand homme, à droite, une collection d’objets et de documents traitant des travaux d’astronomie du savant.

Parvenus sur le Rynek (je ne vous explique plus), voici l’Hôtel de Ville surmonté d’un beffroi avec une horloge. Il hébergeait autrefois les séances du Parlement, il abrite aujourd’hui le Musée régional.

Tout à côté, une jolie fontaine rappelle la légende du jeune gabarier qui trouva le moyen de débarrasser la ville de ses innombrables grenouilles : il se mit à jouer du violon et les batraciens séduits le suivirent jusqu’à la Vistule où ils plongèrent.

Derrière l’Hôtel de Ville, la Cour d’Artus est un très bel édifice néo-Renaissance en briques rouges du 19° siècle, bâti sur le site de l’ancienne Cour d’Artus qui rassemblait en ses murs la vie culturelle des bourgeois de la ville. On y signa notamment l’important traité de paix de Torun qui mettait fin à la guerre contre les Chevaliers Teutoniques en 1466.

En face, l’église du Saint-Esprit tranche par sa couleur pâle et son très haut clocher. C’était autrefois un temple protestant. Et juste à côté, s’élève la Poste, magnifique édifice néo-gothique de briques rouges, aussi beau que l’Hôtel de Ville.


De l’autre côté de la place, l’église-halle en briques dédiée à la Vierge Marie est surmontée non pas d’un clocher mais de trois clochetons, ce qui lui donne un aspect massif. Des fresques du 14° siècle y sont encore visibles.


Mais le Rynek est dominé par la statue en bronze du grand homme de la ville : Nicolas Copernic, qui montre le ciel d’une main et de l’autre tient une sphère armillaire. Cet illustre astronome prouva le premier que la Terre tourne autour du Soleil et non l’inverse comme on le croyait jusqu’alors. Voilà pourquoi, sur le socle de la statue, l’inscription latine peut se traduire ainsi : “Nicolas Copernic, de Torun, mit la Terre en mouvement et arrêta le Soleil et le Ciel“.


À proximité de cette statue, s’élève la Maison sous l’étoile, dont la façade baroque est décorée de fleurs et de fruits. Au sommet de son pignon brille l’étoile dorée qui lui a donné son nom. Cette maison magnifique appartint au précepteur (un humaniste italien) des fils du roi Casimir Jagellon.

Un peu plus loin, l’église des Saints Jean (le Baptiste et l’Évangéliste) frappe par ses trois nefs et son clocher massif. Et derrière, le palais Esken, encore appelé Grenier à blé rouge, est une maison gothique transformée en palais Renaissance pour une grande famille de Torun. Plus tard, on y entreposa du blé et actuellement il héberge le Département d’Histoire et d’Archéologie du Musée Régional.


Le Palais Dambski, voisin du précédent, a appartenu à un évêque. Sa façade est sculptée d’ornements végétaux. Il est occupé par l’École des Beaux-Arts de l’Université Copernic.

Nous nous dirigeons vers la Nouvelle Ville en passant par les ruines du château des Chevaliers Teutoniques, détruit lors d’une révolte des bourgeois de la ville au milieu du 15° siècle.

Dans ce quartier, on remarque l’église Saint-Jacques avec ses trois nefs et son clocher à double toiture. C’est là également que se situe la Taverne du Tablier Bleu, ouverte sans discontinuer depuis 1489 !


Nous déjeunerons un peu plus loin, dans un établissement très agréable où l’on nous a servi : de fines lamelles de viande accompagnées de petites tomates et de câpres, un confit de canard , ses pommes vapeur et son chou rouge étuvé et un gâteau au chocolat.




Au cours de notre temps libre, nous avons pu admirer deux curiosités : un âne en bronze, à crête métallique sur le dos, qui est en fait l’ancien pilori. Le malheureux condamné devait s’y asseoir à la vue de tous, dans une position particulièrement inconfortable…

Enfin, voici un joli petit chien, en bronze également, qui tient un chapeau melon tout en regardant le parapluie posé contre un réverbère. Il s’agit du héros d’une bande dessinée créée par Z. Lengren, illustrateur et caricaturiste qui a vécu à Torun dans sa jeunesse et a étudié à cette université. Il raconte les aventures du Professeur Filotek et de son chien Filus, qui avait l’habitude de l’attendre ainsi quand il était en rendez-vous !…


En route vers Lodz, notre guide nous a conté son histoire : ce petit village s’est enrichi grâce à l’industrie textile au point de devenir la 3° ville de Pologne. Elle a attiré des investisseurs étrangers, Allemands et Juifs. Lors de la deuxième Guerre mondiale, plus de 300 000 habitants du ghetto ont perdu la vie.
La pluie menace, mais se limite à peu de chose, par contre, il fait sombre dès 17h. Arrivés à Lodz, à l’hôtel Holiday Inn, nous montons dans les chambres avant de prendre le dîner servi à table : fromage de chèvre frit (spécialité appelée oscypek), joue de porc/purée et compote de prunes avec une glace à la vanille.



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