Mercredi 6 décembre
Lever : 6h 15 , départ : 8h.
Nous quittons Jaisalmer par la zone militaire traversée hier. Le paysage semi-désertique de sable et d’arbustes n’est animé que par quelques animaux parfois accompagnés par une bergère. Nous croisons des camions avec leurs pompons noirs porte-bonheur et des scooters où les femmes montent en amazone.
À l’approche des villages, les vaches marchent en file indienne sur le bas-côté comme si elles avaient appris le code de la route ! Et parfois on a la surprise de voir quelques chameaux sortir d’une ferme, comme après avoir rendu visite à des amis !
Pendant la longue route vers Jodhpur, le paysage est assez monotone. Alors, Sandeep nous parle de la vache sacrée. Selon la mythologie, la vache est la 2° création du dieu Brahma, après les brahmines. Les 33 dieux du panthéon hindou restent dans le corps de l’animal, ce qui le rend sacré. D’autre part, lorsqu’un homme meurt, pour accéder à la porte du paradis, son âme doit traverser une rivière en attrapant la queue d’une vache. D’un point de vue plus pratique, la vache est d’une grande utilité : avec son lait pour se nourrir et son urine pour se soigner, elle permet de survivre dans toutes les conditions. Comme elle est indispensable à la vie, les prêtres l’ont déclarée sacrée : elle ne peut être ni tuée ni vendue. On la nourrit de galettes et de luzerne et elle meurt de vieillesse. Dans la région de Jodhpur, il existe même des maisons de retraite pour vaches !
Mais voici une maison bleue et la circulation devient anarchique : nous arrivons à Jodhpur.
Nous déjeunons à l’hôtel Vivanta. Le repas est servi à table et nous disposons d’un petit moment pour prendre possession de notre chambre, superbe.
Après le déjeuner, nous traversons la “ville bleue“, dont l’étonnante couleur est due à la peinture des façades autrefois additionnée de DDT. C’est actuellement interdit, alors on utilise le bleu indigo. Certains disent que les maisons des brahmines sont bleues pour attirer la faveur divine, d’autres affirment que cette couleur éloigne les moustiques. Moi, j’ai trouvé qu’elle donne à toute la cité un air de poésie…
Nous visitons d’abord les cénotaphes des rois de Jodhpur, près d’un joli plan d’eau.
Il s’agit d’un mausolée, construit en marbre blanc pour le maharajah et puissant chef de guerre Jaswant Singh II, et dont le toit est habillé d’une succession de dômes et de clochetons du plus bel effet. À l’intérieur, on voit des portraits de maharajas et des objets leur ayant appartenu : un mémorial, en quelque sorte.
En contrebas de ce mausolée, s’alignent les quatre cénotaphes en marbre blanc et grès rouge dans un décor bucolique, et des abris pour les cendres des crémations.
Puis nous nous rendons, à quelques pas de là, au fort de Mehrangarh. Nous l’apercevons de loin, perché sur un piton rocheux de plus de cent mètres. On dirait que le fort fait corps avec la roche.
Tout en haut, nous arrivons au palais, dans une cour où on nous montre d’abord l’art d’enrouler le turban. En levant les yeux, on ne peut qu’admirer la façade richement décorée de balcons.
Ici, se trouve le trône de marbre où le maharajah prenait place lors de son couronnement.
Puis nous entrons dans le musée du fort dont la gestion est assurée par le maharajah actuel qui réside dans la ville nouvelle. Les premières pièces présentent des nacelles d’éléphants appelées howdah et des palanquins fermés, ou ouverts ou à grille. Certains sont en argent.
En ressortant, dans une guérite, tout le nécessaire du fumeur d’opium : le gardien en est tout assommé…
Et tout là-haut, derrière sa fenêtre, sommeille un gardien enturbanné !
De l’autre côté de la cour, la première pièce renferme un palanquin vitré et une collection de sabres et d’épées damasquinées. (Damasquiner = incruster de l’or, de l’argent ou du cuivre dans un métal pour former un dessin)
Quelques marches plus haut, l’art de la miniature est expliqué et illustré d’œuvres décrivant la vie quotidienne des rajahs.
À l’étage, nous voici dans le Palais des Glaces, dont les murs et le plafond sont couverts de petits miroirs et de stucs peints.
Au 2° étage, voici le Palais des Fleurs, belle salle de réception, utilisée pour la musique et la danse. De l’or partout, jusqu’au plafond et des portraits de dieux et de maharajas : quelle merveille !
Au 3° étage, voici la salle d’armes. On a là un assez bon étalage de tous les moyens inventés par les hommes pour faire souffrir leurs ennemis. On dirait le matériel d’un bourreau !
De l’autre côté, depuis le Palais des coups d’œil, les dames de la cour pouvaient regarder la ville à travers des moucharabiehs. Cette pièce présente actuellement une collection de berceaux royaux.
Enfin, nous arrivons à la cour du quartier des femmes, entourée de dizaines de fenêtres très ouvragées.
La dernière cour nous réserve la surprise de moucharabiehs tout à fait extraordinaires !!!
Un petit passage à la boutique nous déçoit : il n’existe que cinq cartes postales, dont trois inutilisables.
Il nous reste à jeter un coup d’œil aux canons qui nous rappellent que nous sommes bien ici dans un fort.
De retour à l’hôtel, avant le dîner-buffet agréable et animé, il faut vite préparer un sac pour le voyage en train vers Jaipur, car les valises vont nous précéder cette nuit par le bus.
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À suivre : Jaipur, la ville rose