Une grosse averse de fin de mousson s’abat sur Hanoï. Les touristes français pensent surtout à se protéger, recherchent K-Ways et parapluies, regrettent de n’avoir pas emporté de bottes. Pour tous, c’est un moment désagréable qui altère le cours de l’excursion.
Mais les gens du pays réagissent tout autrement : l’eau les rafraîchit, ils sont en tongs ou pieds nus, la pluie ne semble pas les déranger et le soleil revenu les sèchera bien vite. Quant à ceux, innombrables, qui circulent à scooter, ils disposent d’un immense ciré qui enveloppe à la fois le véhicule, le conducteur et ses passagers, ainsi que les marchandises transportées. La vie continue, sereine.
Et la phrase de Chu, notre guide, en surprend plus d’un : “Cette année, nous n’avons eu que 9 typhons, malheureusement!”.
“Malheureusement”? “Que 9 typhons”? Pour nous, ce mot évoque mort, destruction de maisons, inondations, c’est une catastrophe! Mais lui voit cela différemment : le typhon, c’est l’eau, et l’eau, c’est la vie. Pas de typhon, pas d’eau, c’est la sécheresse, des récoltes moins abondantes, le malheur du paysan. Certes, il y a un prix à payer, mais à moins de 30 typhons, c’est une mauvaise année.
Cette observation nous incite à oublier nos réflexes d’Occidentaux pour tenter de comprendre sans à priori ce peuple qui nous reçoit avec tant de gentillesse.