Vendredi 21 septembre
C’est l’heure du départ d’Aix. Sortir de la ville est un jeu d’enfant comparé à la manière de trouver le Kyriad. Et nous voilà sur l’autoroute en direction d’Arles. La route est toute droite, le terrain tout plat : cela nous change des lacets de Moustiers. Mais il fait déjà chaud. Merveilleuse clim !!! À la sortie d’Arles, nous nous dirigeons vers l’abbaye de Montmajour.

Comme la visite de 11h est commencée, nous reviendrons cet après-midi. Allons donc déjeuner à Fontvieille. C’est jour de marché : tiens ! c’est surprenant… Un marché assez réduit en surface, mais très complet. Nous remarquons notamment deux superbes étals de poisson et un autre d’épices variées et merveilleusement odorantes.


Tout à côté, à la terrasse de La Cuisine, nous déjeunons d’une daurade à la plancha (délicieuse), ou d’un agneau des Alpilles (délicieux), arrosé d’un verre de vin de pays (délicieux). Accueil très agréable. Reste le problème du soleil qui parvient à percer à travers les feuilles des platanes. Voilà qui explique pourquoi verres et assiettes ont plusieurs fois changé de position…


Après le repas, nous montons à pied jusqu’au moulin de Daudet, toujours posé sur sa butte. Une dame nous y accueille gentiment et nous grimpons à l’étage observer le fonctionnement des meules et la direction des vents dont les noms locaux sont inscrits sur les murs. Nous avons bien conscience de faire là une sorte de pèlerinage, car, nous le savons, l’auteur des célèbres Lettres n’y a évidemment jamais séjourné. Et pourtant, ouvrons l’ouvrage au chapitre Installation : Ce sont les lapins qui ont été étonnés !… Déjà le charme opère…

Mais il est l’heure de rejoindre l’abbaye de Montmajour, si l’on veut bénéficier de la visite commentée. Notre guide nous présente d’abord une maquette démontable qui situe bien la crypte, l’église qui la surmonte, le cloître, ainsi que la chapelle Saint-Pierre à demi creusée dans le rocher, le bâtiment des Mauristes et la tour de l’abbé.

Puis nous passons à la visite proprement dite, chaque partie de l’abbaye soigneusement commentée par notre cicérone. D’abord l’église abbatiale. Tout à côté, le bâtiment construit par les Mauristes est en ruine. Il abritait au rez-de-chaussée le réfectoire des moines et à l’étage le dortoir. On le voit clairement sur la maquette. L’endroit devenu dangereux ne peut être ni visité ni photographié. Mais nous admirons la belle tour de l’abbé, restaurée.

Puis nous descendons à la crypte romane en partie creusée dans le roc et en partie surélevée pour compenser la déclivité du terrain sur lequel elle est construite. De là, par-dessus les restanques (= jardins en terrasses), nous admirons un vaste panorama, des rives du Rhône jusqu’à Arles et toute la plaine de Crau et de Camargue. Et nous sommes bien étonnées d’apprendre qu’à certaines époques le fleuve était si haut qu’il atteignait la chapelle, transformant l’abbaye en une île au milieu du Rhône.


En nous retournant, notre guide nous fait remarquer une fenêtre à encadrement de boudins, solution très judicieuse pour éloigner les rongeurs des greniers.

Nous entrons alors dans le cloître du XII° siècle, habilement restauré, et ses chapiteaux élégamment sculptés.



Il est intéressant de savoir que ce sont les moines bénédictins de cette abbaye qui ont asséché les marais entre les Alpilles et le Rhône au Moyen Âge, rendant cet endroit malsain très fertile, et que le dernier abbé de ce lieu ne fut autre que le cardinal de Rohan, celui-là même qui fut compromis dans la fameuse affaire du Collier de la Reine. D’où la décision immédiate de Louis XVI de fermer l’abbaye. Celle-ci, tout au long du XIX° siècle, passera des mains d’une brocanteuse à celles d’un marchand de biens qui vont la dépecer et la réduire en ruine. Heureusement, des Arlésiens amoureux des vieilles pierres vont la racheter, la restaurer. Elle est à présent propriété de l’État.
L’après-midi s’avance et nous devons rejoindre notre maison d’hôtes à Tarascon. Elle est perdue au fin fond des marécages et la trouver n’est pas simple. Mais le GPS nous guide vaillamment par de tout petits chemins bordés de profonds fossés : ici, c’est certain, nous trouverons un calme absolu.
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