Dimanche 3 décembre
Lever 6h 45, départ 8h 15.
Aujourd’hui, nous partons au marché aux fruits et légumes Sabzi Mandi d’Udaipur. Cette balade en ville en ce début de matinée est très intéressante. L’heure est bien choisie : les étals se préparent, tout est tout frais, il y a encore peu de monde, on peut donc observer tout à loisir. Une grande variété de légumes est offerte aux passants, ainsi que des herbes aromatiques comme la coriandre ou le fenugrec.
Notre guide nous a montré les différentes sortes de lentilles que l’on retrouve dans nombre de menus, et nous a expliqué la recette du thé massala.
Beaucoup de gens ici portent le costume traditionnel, tant les hommes que les femmes. Nous passons devant des cuisines de rue où l’on propose de quoi déjeuner, devant d’énormes pains de mélasse de canne à sucre. Plus loin, des artisans fabriquent des paniers pour exposer les légumes ou les fruits.
C’est l’heure où chacun vaque à ses occupations matinales : une femme au troisième étage étend son linge sur le balcon, une maman lave son petit garçon, un gamin urine tout nu dans la rue. Et nombre de clients commencent à se diriger vers le marché.
Quelques façades ornées de symboles religieux hindous, comme la svastika, attirent notre attention.
Et nous croisons des vaches à la recherche de leur premier repas : luzerne et galette. Dans les villes indiennes, la première galette du matin est pour la vache et la dernière de la journée pour le chien.
Certaines s’approchent de nous très amicalement.
Nous, c’est un atelier d’enluminure qui nous intéresse. L’artiste nous explique la technique de la miniature, le type de support : papier, soie, os de chameau réduit en poudre et mélangé à de la résine. Ce dernier remplace l’ivoire interdit et donne un très bel effet de transparence à la lumière. La peinture est réalisée avec des pinceaux touffus en cils de chameau et des pinceaux à un seul poil de queue d’écureuil pour les détails très fins. Les pigments de couleur sont mélangés avec de la gomme arabique qui sert de liant. Sur le côté, des artistes travaillent sous nos yeux. On nous montre des œuvres de taille, de qualité et d’exécution variées. Nous ne pouvons faire autrement que d’en acquérir une jolie !
Il est bien temps de partir vers Ranakpur. En route, Sandeep nous parle longuement de la religion des jains. Le jainisme, fondé par Mahavira au 6° siècle avant J.C., montre au fidèle comment se libérer du cycle des réincarnations par l’ascétisme, la vertu et le respect absolu de toute vie. Certains moines vivent entièrement nus, d’autres portent un vêtement blanc et un masque sur la bouche pour éviter d’avaler le plus petit insecte. Ils s’arrachent aussi les cheveux et les poils du visage un à un, à la main, quatre fois par an, car bien sûr tout cela repousse…
La route est longue et de plus en plus difficile en approchant de Ranakpur. Nous déjeunons dans une sorte de lodge assez agréable, ma foi, le Maharani Orchard Retreat, où l’on nous sert un potage, du poulet au curry avec des légumes variés et un fruit. La bière ici est servie en grande bouteille de 65 cl !
Après le déjeuner, nous visitons le très beau temple jain de Ranakpur dont les sculptures sont d’une extraordinaire finesse. Naturellement, cette visite se fait en chaussettes !
Ce temple est dédié à Adinatha, le 1° tirthankara, c’est-à-dire un “passeur de gué”, un exemple à suivre. Pendant presque une heure, nous avons tout le temps d’examiner de près les plafonds, la forêt de colonnes surmontées de chapiteaux, les sculptures d’éléphants ou de lions, tout en marbre blanc.
Sur le côté droit du sanctuaire, on peut admirer le 23° tirthankara, Parshvanatha, protégé de la pluie par le capuchon d’un cobra à mille têtes. Les fidèles déposent de la poudre de safran et de santal sur ses centres énergétiques, ses neuf chakras.
Parmi les visiteurs, on remarque des moines jains, revêtus d’un simple vêtement blanc.
La suite du voyage est un peu plus difficile car nous avons devant nous plusieurs heures de bus pour gagner notre hôtel.
Premier arrêt : près d’un plan d’eau peuplé de foulques macroules, un paysan nous montre le fonctionnement d’une noria, système ancestral destiné à faire monter l’eau pour l’irrigation à l’aide d’une roue à godets.
Non loin de la route, des singes à tête noire encapuchonnée de blanc, appelés langurs, se promènent seuls ou en tribu.
Ailleurs, des femmes lourdement chargées contribuent à la construction d’un mur.
Nous traversons aussi des villages où aujourd’hui sont célébrés des mariages avec chameaux décorés, invités en tenue traditionnelle, marié sur la jument blanche joliment parée, danses des jeunes filles.
Mais dans l’une des villes traversées, on construit un pont pour le chemin de fer et on refait la chaussée de plusieurs rues.
La route elle-même est étroite et trouée d’énormes “nids d’éléphant”. Se croiser n’est pas facile et devient souvent un exercice dangereux malgré la limite de vitesse à 35 km/h. Enfin, nous regagnons l’autoroute. On peut à nouveau rouler vite : il suffit de bien veiller à ne pas bousculer les vaches qui y circulent tranquillement !
À 20h, l’hôtel est en vue. Pas question d’attendre pour le dîner, mené rondement par des serveurs énergiques : potage de légumes, poulet ou agneau en curry, légumes variés et petits gâteaux à l’improbable couleur vert vif !
Chacun est fatigué et a hâte de regagner sa chambre dans cette grosse ferme de campagne transformée en hôtel : le Fort Chanwa de Luni.
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à suivre : Visite chez les Bishnois