Dans le quartier de Cholon à Saigon, devant une pagode, une femme est assise sur le trottoir à côté d’une cage remplie de dizaines d’oiseaux.
Nos yeux incrédules reconnaissent des hirondelles. Des hirondelles ! Lorsqu’elles s’élancent, fines, vives, gracieuses, légères, en gazouillant, vers les cieux, nul oiseau mieux qu’elles n’évoque la liberté ! Et pourtant, cette femme n’est pas une tortionnaire, elle n’a aucune envie de faire souffrir des animaux. Simplement, comme le veut sa croyance, elle donne aux fidèles, en échange de quelques dongs, l’opportunité de relâcher des oiseaux après leur avoir murmuré une prière à emporter vers les cieux. Choc des cultures… Un de mes compagnons de voyage, non bouddhiste évidemment, glisse un billet à la gardienne d’oiseaux et obtient la liberté pour trois hirondelles. Heureux, il les lance vivement vers les cieux, puis se contente de dire sobrement :”J’aime les hirondelles !” Ainsi donc, il est possible, avec les meilleures intentions du monde, de priver des hirondelles de leur indispensable liberté ! Monsieur de La Fontaine aurait sûrement composé une jolie fable sur ce sujet. Je n’ai pas son talent, hélas !… Nous entrons alors dans l’enceinte du temple où les Chinois d’Hô Chi Minh-Ville vénèrent Thiên Hâu, la déesse de la Mer.
L’extérieur de la pagode est caractéristique : grilles de fer forgé, toiture de tuiles merveilleusement décorée de dragons et d’une foule de petits personnages en céramique.
Nous pénétrons alors dans le sanctuaire enfumé par les bâtonnets d’encens qui se consument, plantés dans des marmites en bronze.
Sur le côté, on propose aux fidèles (ou à toute autre personne) d’écrire sur une languette de papier rose un vœu destiné à Long Mâu, protectrice de la famille.
Attachée à une spirale d’encens, elle sera accrochée au plafond et conservée une semaine, le temps pour la spirale de se consumer entièrement.