En remontant le Mékong en bateau, nous parvenons tout droit à Phnom Penh, capitale du Cambodge.Tout près, s’étend l’immense lac Tonlé Sap. Il est possible d’embarquer sur un bateau à moteur pour rejoindre la ville de Battambang. Le voyage sur la rivière Sangkaé dure la journée entière. Bien que peu confortable, il permet de s’approcher au plus près des habitants de la rivière. Sur les berges, s’alignent des centaines de petits villages aux maisons haut perchées sur pilotis.
Les habitants vivent parfois dans leur bateau qui leur sert de maison.
Mais le plus souvent dans des maisons flottantes posées sur un lit de bambous.
Certaines familles utilisent un habitat provisoire, flottant ou fixé sur de très hauts pilotis, mais tous vivent de la pêche, au filet, à la nasse ou au carrelet.
Nous naviguons en début de saison sèche. Les eaux encore hautes ne laissent voir que le sommet des arbres, que nous prenions naïvement pour des buissons.
Près d’une réserve d’oiseaux, des vols d’aigrettes s’élèvent à notre passage pour se poser un peu plus loin au sommet des arbres.
Parfois c’est un cormoran, ou un marabout, ou même une cigogne “bec ouvert” dont le bec curieusement courbe est adapté au transport des escargots d’eau.
Nous faisons un arrêt à la “pagode bleue au bois noir”. Ce sanctuaire est réparti en trois sites : d’abord, le lieu de culte proprement dit.
Tout à côté, le lieu de vie et de réunion des moines et “l’espace pour apprendre la langue d’enseignement de Bouddha”. Ce dernier site est le bâtiment en bois à trois étages peint en bleu.
Autour du lieu de culte, s’alignent des stupas couleur pastel qu’on dirait sortis tout droit d’une pâtisserie…
Depuis notre bateau, nous pouvons saisir au passage quelques instants de vie :
– Un enfant de 5 à 6 ans , seul dans une barque, s’exerce à manier la rame, loin de tout adulte.
– Un pêcheur tire le carrelet plongé dans la rivière pour en extraire une poignée de crevettes.
– Les enfants, à la vue du bateau, attirent notre attention par des cris et de grands gestes. Notre réponse les fait hurler de joie..
– Un homme, un gros savon à la main, plonge entier dans l’eau trouble et odorante de la rivière, ressort sa tête pour la frictionner avec son savon et termine son shampooing par un deuxième plongeon…
– A certains endroits, la rivière est envahie par les jacinthes d’eau.
Les habitants, faute de pouvoir les éradiquer, tentent au moins d’en tirer parti en utilisant leurs feuilles et leurs racines pour fabriquer des tapis et des nattes.
Mais dans un passage un peu étroit, ces plantes forment un tapis si dense que notre bateau peinait à avancer, car son hélice s’emmêlait constamment dans leurs longues racines flottantes.
Le pilote et le guide nous ont semblé bien soulagés lorsque nous avons retrouvé des eaux libres! D’autant que, comme nous l’avons appris plus tard, les téléphones portables ne passaient pas…
– Une pirogue chargée d’une mère et de ses trois enfants s’approche de notre bateau pour recevoir un panier de nourriture proposé par notre guide. Hélas! elle ne maîtrise pas son embarcation qui se retourne. Dans la seconde, le pilote de notre bateau se jette à l’eau tout habillé et tend aux voyageurs trois petites grenouilles ruisselantes hurlant de peur. Pendant que chacun tente de les rassurer, la maman est sauvée, sa barque retournée et écopée : plus de peur que de mal…
– À la tombée du jour, une mère emmène ses 4 enfants nus comme des vers dans la rivière pour le bain avant la nuit. Quelqu’un derrière moi affirme qu’il ne tremperait pas même sa main dans cette eau-là…
Ainsi va la vie sur la rivière Sangkaé…
Oui, décidément, nous sommes bien ici dans le pays de l’eau !…